L’étude nationale sur les coûts sociaux et économiques des troubles de l’alimentation
Des expertes et des experts réclament la mise en place d’une stratégie nationale de surveillance des troubles de l’alimentation au Canada
Ottawa, le 30 avril 2024. – Une nouvelle analyse pancanadienne sur les coûts associés aux troubles de l’alimentation chez les enfants et les jeunes avant et pendant la pandémie de COVID-19 montre que l’augmentation des coûts est marquée et que leur estimation ne représente que la pointe de l’iceberg : un grand nombre de voix se sont élevées pour réclamer une meilleure surveillance de ce problème croissant au Canada.
Le rapport de Deloitte Access Economics (en anglais seulement), rédigé sous la direction de l’Institut de recherche du CHEO et en collaboration avec des partenaires du domaine de la santé et du milieu universitaire de partout au pays, est le premier du genre au Canada et braque les projecteurs sur les coûts importants des troubles de l’alimentation pour le système de santé canadien pendant la pandémie. Entre 2020 et 2022, on a observé une augmentation de 126 % du nombre de cas qui se sont présentés dans les services d’urgence et de 60 % du nombre d’hospitalisations par rapport à l’année précédant la pandémie de COVID-19.
Le rapport indique que les coûts différentiels des enfants et des jeunes atteints de troubles de l’alimentation ont atteint 39,5 millions de dollars au cours de la pandémie (de 2020 à 2022), ce qui représente une augmentation de 21 % selon les données limitées disponibles. Les expertes et les experts ayant contribué au rapport affirment que ces chiffres ne représentent qu’une fraction du coût réel des troubles de l’alimentation au Canada.
En raison du manque de données de surveillance sur les troubles de l’alimentation, ce ne sont pas tous les éléments du coût des soins qui ont été pris en compte dans le rapport, par exemple le coût des programmes standard de traitement de ces troubles (comme les programmes d’hôpitaux de jour) et des services communautaires de soutien (qui ont augmenté de 118 % pendant les premières deux années la pandémie).
« Nous ne pouvons pas gérer ce que nous ne pouvons pas mesurer. Il est impératif que l’on comprenne les répercussions et les coûts associés aux troubles de l’alimentation, en particulier chez les enfants et les jeunes, pour assurer l’indispensable planification de la transformation du système de santé. Même si le rapport de Deloitte est exhaustif, il sous-estime largement le coût des troubles de l’alimentation au Canada. Cette étude met en évidence l’urgent besoin de mettre en place un système rigoureux de surveillance des troubles de l’alimentation au Canada afin que nous puissions nous assurer de bien tenir compte des besoins changeants dans les services et les coûts pour mieux gérer le traitement des troubles de l’alimentation » [traduction libre], a déclaré Nicole Obeid, scientifique et responsable du laboratoire de recherche sur les troubles de l’alimentation à l’Institut de recherche du CHEO, et professeure agrégée au département de psychiatrie de l’Université d’Ottawa.
Les autrices et les auteurs de l’étude demandent que plus d’investissements soient consacrés à la transformation, éclairée par les données, du système dans lequel on traite les troubles de l’alimentation au Canada.
Le 2 mai 2024, le groupe de l’étude tiendra une réunion pancanadienne à Ottawa avec des expertes et des experts internationaux de la transformation de systèmes dans lesquels on traite les troubles de l’alimentation, des leaders de la recherche et des soins de santé au Canada, des personnes ayant des expériences vécues et des responsables des politiques, et ce, dans l’objectif d’examiner en détail les conclusions du rapport et de définir un plan d’action.
Cette réunion est une occasion pour les expertes, les experts et les décisionnaires qui œuvrent dans le domaine des troubles de l’alimentation de travailler ensemble à l’élaboration d’une stratégie nationale de surveillance visant à faire avancer la transformation indispensable du système pour améliorer les soins des troubles de l’alimentation pour les jeunes, les familles ainsi que les cliniciennes et les cliniciens.
Le projet sur les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les troubles de l’alimentation chez les jeunes Canadiennes et Canadiens est le fruit d’une collaboration pancanadienne de plus de 40 partenaires de partout au pays, dirigée par un groupe de travail, dont voici les membres :
- Nicole Obeid, Laboratoire de recherche sur les troubles de l’alimentation, Institut de recherche du CHEO, Département de psychiatrie, Université d’Ottawa
- Linda Booij, Continuum des troubles de l’alimentation, Institut universitaire en santé mentale Douglas, Département de psychiatrie, Université McGill
- Jennifer Coelho, chercheuse, Institut de recherche de l’Hôpital pour enfants de la Colombie-Britannique, Département de psychiatrie, Université de la Colombie-Britannique
- Georgina (Gina) Dimitropoulos, professeure agrégée, Faculté de service social et École de médecine Cumming, Université de Calgary et responsable de la recherche, Programme de traitement des troubles de l’alimentation, Services de santé Alberta
- Debra Katzman, Division de la médecine de l’adolescence, Département de pédiatrie, Hôpital pour enfants malades (SickKids), Université de Toronto, Institut de recherche
- Patricia Silva-Roy, Laboratoire de recherche sur les troubles de l’alimentation, Institut de recherche du CHEO
Ce rapport et les études correspondantes ont été financés en grande partie grâce à une subvention de fonctionnement des Instituts de recherche en santé du Canada : Comprendre et atténuer les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les enfants, les adolescents et les familles au Canada.
Références
Obeid, N., Coelho, J.S., Booij, L. et al. Estimating additional health and social costs in eating disorder care for young people during the COVID-19 pandemic: implications for surveillance and system transformation. J Eat Disord 12, 52 (2024). https://doi.org/10.1186/s40337-024-01003-1
Obeid, N., Silva-Roy, P., Booij, L. et al. The financial and social impacts of the COVID-19 pandemic on youth with eating disorders, their families, clinicians and the mental health system: a mixed methods cost analysis. J Eat Disord 12, 43 (2024). https://doi.org/10.1186/s40337-024-00986-1
À propos de l’Institut de recherche du CHEO
L’Institut de recherche du CHEO est un centre mondial d’excellence en recherche pédiatrique qui réunit des talents et des technologies dans la poursuite de recherches qui ont une incidence sur la vie de chaque enfant, jeune et famille de notre communauté du CHEO et ailleurs. L’Institut de recherche du CHEO coordonne les activités de recherche du CHEO et est affilié à l’Université d’Ottawa. À l’Institut de recherche du CHEO, les découvertes nous inspirent à offrir une vie meilleure à chaque enfant et à chaque jeune. Pour en savoir plus, consultez cheoresearch.ca (site en anglais seulement).
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