La première patiente de l’unité des soins intensifs du CHEO unie à l’hôpital pour la vie
Par un matin ensoleillé de fin de mai, Ginette Boucher franchit les portes du CHEO où elle aperçoit sa mère, Lucienne Markwell, qu’elle vient rejoindre pour une heure du thé très spéciale, et elle ne peut contenir sa joie immédiate et enfantine.
Ginette fait partie de l’histoire du CHEO. La femme de 57 ans a été la première patiente de l’unité des soins intensifs de l’hôpital à la suite d’un événement qui a bousculé la vie de sa famille à tout jamais, le 5 juillet 1974.
Ginette, que l’on surnomme souvent « Ginnie », jouait dehors après le souper dans une rue tranquille du quartier d’Overbrook à Ottawa lorsqu’elle s’est fait heurter par une personne conduisant en état d’ébriété.
La fillette de sept ans a été expédiée au campus général de l’Hôpital d’Ottawa – l’inauguration du CHEO n’avait eu lieu que près de deux mois auparavant – pour des soins d’urgence. Elle était atteinte de paralysie du côté droit de son corps et a passé 46 jours dans le coma.
La mère de Ginnie se souvient très bien du jour où sa fille a été conduite de toute urgence à l’hôpital. Elle se souvient de s’être penchée vers elle pour lui dire de respirer.
Ginette a séjourné quelques semaines au campus général avant son transfert au CHEO. Elle s’est finalement réveillée à l’unité des soins intensifs du CHEO, où elle a passé sept mois à se rétablir à l’hôpital pour enfants.
À partir de ce moment-là, le CHEO est devenu le deuxième foyer de Lucienne, et elle s’est fait embaucher par le service d’entretien ménager de l’hôpital en octobre 1974, alors que Ginnie, qui était toujours en convalescence, a été transférée à l’Hôpital Montfort.
Lucienne a travaillé à temps plein au CHEO pendant 32 ans, puis a continué pendant encore 11 ans à titre de travailleuse occasionnelle les fins de semaine.
En 2016, Lucienne a dû prendre sa retraite du CHEO en raison d’une intervention chirurgicale liée à un diagnostic de cancer des os. Elle ne pouvait donc plus prendre soin de Ginnie comme elle l’avait fait pendant plus de quatre décennies.
Par conséquent, en raison de ses besoins particuliers et importants en matière de soins, Ginnie a été transférée dans un foyer de groupe situé à Hawkesbury, en Ontario, qui soigne des personnes aux prises avec des problèmes complexes. La transition a été difficile par moment pour Ginnie, qui lutte de manière incessante contre un problème de perte de mémoire à court terme.
Lucienne, qui a près de 82 ans, vit dans une maison de retraite à Casselman. Vivre loin de sa plus jeune fille a aussi été une épreuve difficile pour elle.
« J’aime mes enfants, affirme-t-elle. J’aime ma petite famille. »
Leur visite au CHEO a réuni le duo mère-fille au même endroit où Ginnie a reçu des soins au moment où elle en a eu le plus besoin, il y a une cinquantaine d’années, et au cours des années suivantes pendant son processus de réadaptation.
La mère et la fille se sont remémoré des souvenirs autour d’une tasse de thé orange pekoe au Café Arc-en-ciel de l’hôpital et ont feuilleté un album photo avec l’inscription : « Il y a les amis, il y a la famille. Puis il y a les amis qui deviennent membres de la famille. »
De retour au CHEO, Lucienne en a profité pour renouer avec sa famille de l’hôpital, dont son petit-fils, Marc-Antoine Chevrier, qui y travaille désormais.
Elle était émue de parler aux amis qu’elle s’était faits en travaillant au CHEO, y compris un ancien collègue qui la désigne affectueusement comme « sa deuxième mère ».
Lucienne déclare que des photos de leur visite au CHEO seront ajoutées à l’album de Ginnie afin qu’elle n’oublie jamais cette journée, près de cinquante ans après qu’elle y soit entrée pour la toute première fois.