Care4Rare célèbre 10 ans de découvertes et d’innovations révolutionnaires en génétique clinique
3 novembre 2022 – Depuis plus d’une décennie, le consortium Care4Rare Canada (Care4Rare) fournit des réponses aux familles d’enfants ayant une maladie rare non diagnostiquée. Care4Rare est un pionnier international dans le domaine des maladies rares, utilisant des technologies de pointe pour découvrir la cause sous-jacente, tout en introduisant des innovations diagnostiques dans la voie des soins cliniques pour les maladies rares.
Plus du tiers des quelques 1 million de Canadiens atteints d’une maladie rare n’a pas de diagnostic génétique, et ce, malgré des enquêtes longues et coûteuses. Les familles d’Austin Osborne, 17 ans, et de Colton Borrelli, 11 ans, ont vécu une odyssée de diagnostic de maladies rares, qui a duré tout un lustre, avant de recevoir des réponses grâce à Care4Rare. (Voir leurs histoires, ci-dessous.)
Publié dans l’American Journal of Human Genetics, « Care4Rare Canada: Outcomes from a Decade of Network Science for Rare Disease Gene Discovery » (Care4Rare Canada: Résultats d’une décennie de science de réseau pour la découverte de gènes de maladies rares) résume les dix années que le réseau national a passées à mener des activités de recherche et des activités cliniques et repasse en revue les progrès incroyables accomplis, les leçons apprises et les défis qui nous attendent dans la prestation d’un diagnostic pourà toutes les familles d’enfants vivant avec une maladie rare.
« Au cours de la dernière décennie, j’ai eu l’insigne privilège de travailler avec les communautés des cliniciens, de la recherche et des patients atteints de maladies rares, en vue de faire progresser nos connaissances et de prendre soin de ces maladies importantes », a déclaré la Dre Kym Boycott, fondatrice de Care4Rare, scientifique principal à l’Institut de recherche de CHEO et présidente, Département de génétique de CHEO, un centre de soins de santé et de recherche pédiatriques situé à Ottawa, Canada.
Care4Rare a été à l’avant-garde de l’évolution rapide de la recherche sur les maladies rares au cours des 10 dernières années, alimentée par l’émergence de technologies génomiques et de séquençage connexes et le financement de Génome Canada, des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de la Fondation CHEO, de Génomique Ontario, et d’autres partenaires.
Care4Rare a vu le jour en 2011, lorsque la génomique (le décodage de l’ADN d’une personne) a été introduite dans le milieu de la recherche. Grâce à trois époques de diagnostic et de découverte, Care4Rare a utilisé la génomique et d’autres technologies et stratégies pour identifier la cause génétique de centaines de maladies rares, fournissant un diagnostic pour 34 % (623/1 806) des familles participantes, tout en découvrant 121 gènes qui n’étaient pas auparavant associés à la maladie.
En plus de ces diagnostics et de ces découvertes, Care4Rare a transformé la communauté internationale des maladies rares en élaborant des plateformes et des protocoles pour la collecte et le partage de données, en incitant les réseaux canadiens et internationaux à étudier de nouveaux gènes dans des organismes modèles, et en établissant des réseaux internationaux de partage de données pour résoudre les enjeux de maladies ultra-rares. Tout au long de ces dix années, Care4Rare a travaillé avec des créateurs de politiques et des chefs de file du système de santé pour intégrer la génomique dans le cheminement des soins diagnostiques, améliorant ainsi l’accès à ce test qui change la vie de tous les Canadiens vivant avec une maladie rare.
« Nous avons connu tellement de succès au cours de la dernière décennie et nous avons avancé énormément, mais le défi de traiter toutes les maladies rares reste énorme. Le travail est loin d’être terminé », a déclaré la Dre Boycott, qui est également professeure de pédiatrie à l’Université d’Ottawa. « Chaque famille mérite d’avoir des réponses et Care4Rare continuera de travailler vers cet objectif. »
Care4Rare persévère à trouver un diagnostic pour les familles d’enfants vivant avec une maladie rare
Austin Osborne est né en 2005 à Kingston, en Ontario. Lorsqu’il a atteint l’âge d’un an, ses parents ont remarqué que quelque chose ne tournait pas rond. Austin se développait beaucoup plus lentement que ses pairs, avait un faible tonus musculaire et était souvent hospitalisé en raison de blessures auto-infligées.
« Austin n’était pas capable de marcher ou de parler lorsqu’il était plus jeune. Par frustration, il se frappait la tête à terre et se blessait parce qu’il ne pouvait pas parler. Nous faisions souvent des allers-retours à l’hôpital. Les médecins n’avaient aucune idée de ce qu’il fallait faire », a déclaré Heather Osborne, mère d’Austin.
Austin a été vu pour la première fois par l’équipe de génétique de CHEO en 2007, et on a soupçonné qu’il était atteint du syndrome de Joubert, mais les tests génétiques étaient négatifs pour les mutations des gènes connus pour causer ce syndrome rare de malformation cérébrale. En 2013, le jeune frère d’Austin, Parker, est décédé de la même pathologie.
« Lorsque nous avons perdu Parker, nous voulions que sa mort fasse une différence pour d’autres familles qui vivaient la même situation que nous, alors nous nous sommes assurés de pouvoir donner des échantillons de lui à des fins de recherche. Cela a ouvert de nouvelles possibilités pour trouver des réponses », a déclaré Lincoln Osborne, père d’Austin.
Des échantillons biologiques prélevés sur Austin et Parker ont été analysés en 2015 au moyen de nouveaux tests génétiques. Les résultats étaient de nouveau négatifs, alors la Dre Boycott a invité la famille à participer au projet Care4Rare. Care4Rare a effectué le séquençage des exomes, un test qui examine le contenu central des 20 000 gènes dans l’ADN d’une personne pour chercher des mutations rares qui causent la maladie. Les résultats ont de nouveau été négatifs, mais Care4Rare n’a pas abandonné — les familles restent en contact avec ceux l’équipe de recherche jusqu’à ce qu’elles obtiennent un diagnostic.
Chaque année, nous en apprenons davantage sur les gènes qui causent des maladies rares. En 2019, Care4Rare a donc réanalysé les données sur l’exome d’Austin et de Parker et a découvert que les deux présentaient une mutation rare dans une copie d’un gène récemment découvert comme étant à l’origine du syndrome de Joubert (le gène CEP120). Cependant, le syndrome de Joubert est récessif, de sorte que des mutations doivent apparaitre dans les deux copies du gène pour causer la maladie. En 2022, Care4Rare a effectué des tests de pointe pour rechercher la deuxième mutation, à savoir le séquençage du génome (examen de la séquence d’ADN entière) et le séquençage de l’ARN (l’ARN est une copie active du code d’ADN, fournissant des instructions aux « usines » de fabrication de protéines de la cellule.).
En 2022, 15 ans après que le syndrome de Joubert ait été évoqué et 10 ans après le début du programme de recherche, Care4Rare a identifié une mutation difficile à détecter dans la seconde copie du gène CEP120. Cela a confirmé le diagnostic du syndrome de Joubert, fournissant à la famille une réponse tant attendue à la maladie d’Austin. Grâce à ce diagnostic, les cliniciens peuvent offrir à Austin les meilleurs soins et sa famille peut mieux répondre à ses besoins, ce qui lui permettra de s’épanouir.
« Il a fallu plus d’une décennie pour en arriver là. C’était un soulagement pour nous. Austin représente moins de 3 % de tous les cas de syndrome de Joubert. Il est rare parmi les rares », a déclaré Lincoln.
Austin est actuellement en 12e année et est fier de dire qu’il a été inscrit au tableau d’honneur pour chaque année durant laquelle il a fréquenté l’école. Il a reçu un prix dans chacune de ses cinq matières et il se penche maintenant sur ce qu’il fera après l’obtention de son diplôme du secondaire.
Colton Borrelli est né en 2010 à Sault-Sainte-Marie (Ontario) et a été envoyé vers la génétique peu de temps après, pour des recherches intensives. Les tests génétiques habituels n’ont pas permis de déterminer la cause de la faiblesse du tonus musculaire chez Colton, des anomalies cérébrales ou des retards importants dans les habiletés motrices et de communication. La Dre Boycott a invité la famille à participer à Care4Rare et a effectué le séquençage des exomes en 2012. Bien que certains gènes candidats aient été examinés en profondeur, aucune réponse claire n’a été trouvée. Après avoir réanalysé ses données sur l’exome en 2019, encore une fois sans réponse, Care4Rare a effectué le séquençage du génome. En 2022, Care4Rare a identifié une mutation dans les deux copies du gène TBCK, qui avait récemment été découvert comme étant la cause d’une maladie neurogénétique rare. Après 10 ans avec Care4Rare, la famille de Colton peut enfin mettre un nom à la maladie qui l’afflige : déficience neurodéveloppementale associée au TBCK.
« Lorsque nous avons finalement reçu un diagnostic, nous avons été frappés par la surprise de savoir que d’autres personnes faisaient face à quelque chose de semblable. La maladie est tellement nouvelle qu’il n’y a pas nécessairement de réponses, mais nous avons été en mesure de communiquer avec d’autres familles via Facebook et la Fondation TBCK », a déclaré Jessica Borrelli, mère de Colton. « C’était presque un soulagement de savoir qu’il y en avait d’autres dans la même condition. Même s’il ne s’agit que de parler à quelqu’un qui comprend vraiment ce que nous vivons. »
Colton est encore très en retard sur son développement, avec un tonus musculaire faible. Il se déplace en rampant ou avec de l’équipement d’assistance, mais Jessica est la première à dire qu’il est « l’enfant le plus heureux de la planète » et pense que « tout est rigolo ».
« Nous étions heureux de recevoir enfin des réponses à nos questions. Cela ne change rien à la façon dont nous faisons les choses, ni ne donne plus d’informations sur l’avenir de Colton, mais au moins, cela explique comment et pourquoi il est qui il est. La Dre Boycott et toute l’équipe de Care4Rare ont été absolument magnifiques pendant tout ce temps et ont été extrêmement attentionnées tout au long de notre parcours », a déclaré Antonio Borrelli, père de Colton.
La maladie extrêmement rare de Colton n’a été identifiée qu’en 2016, avec seulement 90 familles faisant face à cette maladie dans le monde, dont une seule au Canada. Un diagnostic a changé la vie de la famille de Colton, ce qui leur a permis de plaider sa cause et d’obtenir l’accès à des ressources éducatives et financières qui lui permettront de s’épanouir.
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Source : Boycott et collab. (2022). « Care4Rare Canada: Outcomes from a decade of network science for rare disease gene discovery », The American Journal of Human Genetics (2022), https://doi.org/10.1016/j.ajhg.2022.10.002
Personne-ressource pour les médias:
Jennifer Ruff, Gestionnaire des communications, Institut de recherche de CHEO
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À propos de l’Institut de recherche de CHEO
L’Institut de recherche de CHEO coordonne les activités de recherche de CHEO et est affilié à l’Université d’Ottawa. Les sept programmes de recherche de l’Institut se concentrent sur une gamme complète de sujets pédiatriques. Parmi les thèmes clés de ces programmes, citons le cancer, le diabète, l’obésité, la santé mentale, la médecine d’urgence, la santé musculo-squelettique, les renseignements électroniques sur la santé et la protection de la vie privée, ainsi que la génétique des maladies rares. À l’Institut de recherche de CHEO, les découvertes inspirent la meilleure vie pour chaque enfant et chaque jeune. Pour de plus amples informations, consultez https://www.cheoresearch.ca (en anglais seulement).